MANANJARY ET LA SAMBATRA 2007 
Mananjary est une petite ville tranquille ; le matin très tôt, dès 5 heures les femmes viennent laver leur linge à l’embouchure du fleuve, s’y laver, faire leurs besoins,





tandis que les pécheurs partent à la pèche, sur leurs petites embarcations, au péril de leur vie quand il faut franchir la barre



Le marché de Mananjary
vidéo mananjary http://www.vacanceo.com/videos/voir-vid_2837.php
Du 24 au 26 Octobre nous assistons, à Mananjary à la fête de la SAMBATRA qui signifie littéralement
« Je suis heureux »

L’ethnie des Antambahoaka , gens du peuple qui vivent dans la région de Mananjary ont conservé certaines traditions musulmanes : tous les 7 ans, ils célèbrent les fêtes rituelles de la Sambatra, circoncision collective des jeunes garçons.
La fête, préparatifs compris, dure 4 semaines, tout le mois d’octobre ; au cours du mois les travaux suivants sont réalisés :
- la maison du roi est rénovée
- les pères ornent les faîtages des toitures de 3 colombes sculptées symbolisant l’arche de Noé, placent un arbre sacré qui est censé porter l’âme des jeunes garçons circoncis.
- Les mères préparent les tenues rouges des enfants (bonnets et robe) et les nattes sur lesquelles ils seront opérés.
- Les bambous récupérés dans la forêt serviront à transporter le betsa betsa jusqu’au fleuve, pendant la procession qui aura lieu vendredi
Tous ces préparatifs se déroulent dans une ambiance festive : aux chants cadencés des femmes répondent les tambours.

La maison du Roi



Le jeudi est un jour de repos, de détente mais le soir le tonneau de betsa betsa (jus de canne fermenté) placé dans la maison du roi est rempli ; chacun boit en chantant « laly laly laly », soit « homme, homme, homme » et aussi « voici mon fils, prends le »
C’est ce soir là que le roi, Monsieur NICOL, nous a reçu et raconté l’histoire de son ethnie, par l'intermédiaire de notre guide interprète, Aurélien ; moment inoubliable avec danses et breuvages de betsa betsa ( jus de canne fermenté)

Le roi de Mananjary, Monsieur NICOL
Le jeudi, à partir de minuit, les jeunes sont allés chercher l’eau sacrée à l’embouchure du fleuve ; cette eau servira à laver les plaies des enfants après l’opération
Les femmes passent la journée précédant l’opération à prier.
Le vendredi matin, dès 5 heures, le zébu est amené devant la maison du roi et les hommes le préparent pour le sacrifice pendant que les femmes dansent au rythme des tambours.




Enfin le sacrifice a lieu, après la prière du roi : moment émouvant et cruel !!!

Le zébu est ensuite découpé et à 11 heures les morceaux sont distribués aux membres des différentes maisons.
Les femmes continuent les préparatifs et tissent les nattes devant ( ou dans) la maison du Roi




A 12 heures, les enfants vêtus de leurs vêtements rouges arrivent devant la maison du roi ;

On place autour de leur taille un grigri contenant quelques grains de riz symbolisant la nourriture dont ils auront besoin pour aller vers le fleuve.
Vers 13h 30 le cortège part : les enfants sont portés sur les épaules d’un homme (en principe leur oncle) vers l’embouchure du fleuve, accompagnés des femmes ; le long cortège va aller ainsi pendant plus d’une heure, en chantant.

Les bambous remplis de betsa betsa sont transportés et bus pendant le trajet.
Un homme porte sur la tète l’eau préalablement bénie par le roi qui sera versée dans le fleuve.
De l’autre coté du fleuve, l’autre village a organisé la même cérémonie et marche aussi vers l’embouchure à la rencontre des habitants de Mananjary.

Les deux groupes se rencontreront de chaque coté du fleuve, lanceront les bambous qui symbolisent la possibilité de franchir le fleuve pour se côtoyer, pour que le frère et la sœur séparés il y a bien longtemps se retrouvent enfin.
En effet, la légende raconte que deux enfants, un frère et une sœur, vivaient à Mananjary : un jour de mauvais temps la sœur a traversé le fleuve et n’a pu revenir ; elle a poursuivi sa route jusqu’à Manakara, Fort Dauphin , créant ainsi les différentes ethnies alors que le frère, très triste est resté à Mananjary .
Tous les 7 ans, c’est donc la rencontre entre le frère et la sœur, entre les différentes ethnies de la cote est.
Les enfants circoncis seront enfin des hommes après la cérémonie et se distingueront du sexe opposé.
Des centaines d’enfants se font circoncire jusqu’à l’age de 10 ans ou simplement bénir si la circoncision a déjà eu lieu avant
Des milliers de personnes venues de toute la région sont réunies et ce n’est que musique, chansons, danses, aux quatre coins de la ville.




vidéo Sambatra http://www.vacanceo.com/videos/voir-vid_2831.php
A Madagascar il est à noter que si un homme non circoncis tue un animal, une volaille, les autres personnes n’en mangeront pas car cet animal est devenu fady.
Dans certaines ethnies, c’est la même chose si c’est la femme qui tue l’animal.
A Mananjary les jumeaux sont fady et ils ne sont pas circoncis, ne participent pas à la SAMBATRA car il ne sont pas considérés comme faisant partie de l’ethnie, ils ne sont RIEN.
Mais le gouvernement actuel va légiférer pour que ces jumeaux, fady, ne soient plus abandonnés ; une campagne de sensibilisation va être menée mais compte tenu du poids des traditions à Madagascar, cette effroyable coutume ne va pas disparaître rapidement
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